“Donner la physionomie du Parc serait donner celle de Vichy même, j’entends du Vichy mondain, élégant, animé et pittoresque. C’est là, en effet, que palpite, en quelque sorte, l’âme de la Station.”
(J. F. Gros. Vichy et ses environs, 1903)
Le Parc des Sources, est comme l’indique son ancienne appellation le plus “Ancien Parc” de Vichy. Imaginé, dès 1730, entre l’établissement thermal (hall des sources actuel) et le Sichon, alors très prisé des promeneurs, il sera finalement réalisé au sud de l’établissement, en direction de la vieille ville. 1806 et 1808, voient l’acquisition des premiers terrains mais c’est Napoléon Ier, influencé par sa mère Lætitia venue en cure en 1798, qui décrète l’achèvement de la promenade en 1810 et 1812. Un bassin circulaire avec jet d’eau est alors aménagé (supprimé en 1864).
Les libéralités de Madame de Mouchy, en 1815, vont permettre l’extension du parc en direction de la Source de l’Hôpital. La visite de Napoléon III provoque de nouveaux bouleversements avec la construction du Casino (1865) et de La Restauration (actuel Grand Café, 1870) selon les plans de Charles Badger. Le renouvellement du bail de la Compagnie fermière en 1898 occasionne de nouvelles transformations dirigées par l’architecte Charles Lecoeur : agrandissement du Casino, construction du hall des sources à la place de l’établissement thermal, galeries couvertes dessinées
par le ferronnier É. Robert. Au sud, la Compagnie rachète les terrains de l’ancien hôpital qu’elle entoure de boutiques construites en hémicycle autour d’un hall de repos de style Louis XV (détruit en 1945).
En 1928, une pergola est aménagée devant le hall des sources, les trois grandes allées sont cimentées et bordées de brique rouge et des bancs en ciment (toujours en place) sont installés aux angles des parterres. Depuis, le parc n’a guère connu que des travaux d’entretien courant. Toujours propriété de l’État, il a été classé Monuments historiques en 1994. Des études pour sa réfection et sa mise en valeur, sont en cours…
Trois buvettes furent installées dans le parc : la source de l’Hôpital, connue depuis 1605, subira de multiples aménagements dont le plus réussi est dû à G. Simon (1907). Le pavillon actuel fut dessiné par l’architecte F. Aublet (1946). La buvette de la Source du Parc, établie en 1857, sera supprimée en 1971. Quant à la buvette de la Source Mesdames aménagée en vis-à-vis (côté rue Wilson) en 1928, elle occupa l’emplacement de l’ancienne laiterie jusqu’en 1939.
Le premier kiosque à musique fixe qui datait de 1866, fut détruit lors de la construction du théâtre et remplacé par le kiosque de la Source de l’Hôpital, dessiné par Lucien Woog en 1902. Un second kiosque, dit de la Restauration, édifié en 1874 du côté de la rue Wilson, sera reconstruit en 1910 par G. Simon, puis transporté dans le Parc des Bourins, en 1928. Enfin, plusieurs kiosques à vocation commerciale étaient disséminés dans le parc : l’origine des deux qui subsistent remonte au milieu du 19e siècle ; ils furent reconstruits vers 1900. On y trouvait journaux, fleurs, dentelles, eaux de sources, sucreries, tabac, etc.
A la Belle-Époque, l’ambiance du parc est bien différente selon l’heure et les allées que l’on parcourt. L’allée centrale, la plus fréquentée, a reçu la dénomination explicite de « Potinière » , tandis que les allées latérales sont plus propices aux confidences. Le matin, les curistes ne font que traverser le parc d’une source à l’autre, en passant par le kiosque à musique. Alors que l’après-midi, chaises et bancs sont pris d’assaut : conversations, lectures, travaux d’aiguilles ou jeux de cartes permettent d’attendre le concert de l’après-midi, suivi d’une promenade propice aux emplettes. Enfin, le soir, on se presse vers le Grand Casino et le parc ne retrouve calme et silence qu’après minuit.
Une fois par semaine, a lieu le bal d’enfants, près du kiosque. Aujourd’hui, il reste aux enfants les chevaux de bois du manège. Le Parc des Sources est également, le point de départ et d’arrivée du petit train touristique. Sa fonction de lieu de sociabilité de la vie thermale a évolué vers celui d’un espace de circulation piétonne, en plein cœur de la ville, tout en conservant sa vocation de pôle d’animation de la station.
À sa conception le Parc des Sources n’est qu’un espace de circulation entre deux pôles urbains : le quartier thermal et le vieux Vichy mais au Premier Empire, il revêt une véritable fonction de parc avec la création d’allées structurées bordées d’arbres, pour devenir définitivement un mail sous Napoléon III. Ce mail couvre une superficie de 4,5 hectares. Comme tout univers maillé sa palette végétale reste assez pauvre. Au début du 19e siècle, les essences d’arbres étaient majoritairement constituées de tilleuls, ormes et platanes avec plus ponctuellement des érables et des
sorbiers des oiseaux. Le réaménagement de 1928 qui lui a donné sa physionomie actuelle, a renforcé la présence des marronniers et des platanes en remplacement des tilleuls et des ormes. La gestion et l’entretien de ce patrimoine, compte tenu de l’environnement minéral et de la forte densité de plantation (627 arbres), ont conduit le gestionnaire à ordonner des tailles drastiques pour obtenir des formes de houppiers architecturées (taille dite en rideau, favorisant la floraison des massifs) dérivant petit à petit, vers la taille que l’on connaît actuellement.