“Nous ne ventons pas l’Enclos des Célestins seulement parce qu’on y trouve les plaisirs de la vue et le charme des sensations ; mais quand la nature dispose l’esprit au calme et à la sérénité, elle contribue, bien plus efficacement, à ramener la santé au corps.”
(C. Daumas. Les sources de Vichy, 1880)
Le Parc des Célestins et le Parc Lardy sont issus de l’enclos du couvent des Célestins, fondé au 15e siècle par le Duc Louis II de Bourbon. Exploité comme carrière de travertin, après la Révolution, l’enclos est racheté en 1833 par Menot et Lardy, qui découvrent une nouvelle source à l’est du terrain, en 1844. Par ailleurs, assez rapidement, un dépôt d’alluvion éloigne le cours de la rivière et permet l’aménagement d’une chaussée. A cette date, l’enclos est encore en grande partie cultivé. Les premières plantations destinées à l’aménagement d’un jardin aux abords de la source sont effectuées en 1851. Mais en 1862, d’incessants conflits avec les propriétaires de la source Lardy aboutissent à la division de l’enclos en deux parcs : d’une part, le Parc des Célestins, de l’autre, le Parc Lardy, scindé en deux parcelles par le percement de la rue Lardy. Cette même année, la construction de la digue éloigne définitivement la rivière de la source.
En 1864, une rampe destinée à racheter la différence de niveau entre les abords de la source et la terrasse qui la domine est aménagée. Exploitant au maximum le cadre naturel, la Compagnie fermière n’hésite pas à utiliser le rocher pour accentuer le caractère pittoresque de ce parc en construisant d’abord un pont rustique, puis en mettant en scène ce rocher dans l’aménagement des buvettes successives.
Durant l’hiver 1900-1901, l’adjonction des terrains Lardy, situés à l’ouest de la rue, est l’occasion de nouvelles transformations.
Situé à l’écart de la ville, il conserva longtemps un caractère champêtre très affirmé. Exploité par des propriétaires privés, il tend à devenir au début du 20e siècle une reproduction miniature du modèle de la Compagnie fermière, regroupant autour des sources, parc, établissement thermal, distractions et animation commerciale…
Le couvent :
Les différents bâtiments du couvent furent détruits à la fin du 18e siècle, si bien qu’il ne resta plus que la grange et les cuisines, en bordure du rocher. La grange subsista jusqu’en 1908 : la Compagnie fermière l’avait réaménagée pour y établir une serre destinée à abriter ses grands palmiers. Quant aux cuisines, c’est le seul vestige qui ait été conservé : après avoir servi d’habitation à un fermier puis au gardien du parc, il vient d’être réhabilité par la Chambre de Commerce et d’Industrie afin d’accueillir le siège d’un centre de ressources dans les domaines qualité, sécurité, environnement et développement durable.
Sources des Célestins :
Le premier abri de la source fut conçu par l’architecte H. Roze Beauvais en 1817, afin de procurer u n a b r i e t d’assurer la sûreté de la source exposée au vandalisme. Plusieurs bâtiments se succèderont tout au long du 19e siècle au gré des nouveaux captages et de l’affluence du public qui favorise l’installation de salons (1843). Un nouveau pavillon, construit en 1857, abrite une source aménagée dans une grotte artificielle : ce bâtiment toujours visible à l’ouest du parc, agrandi et transformé en bâtiment d’embouteillage par l’architecte A. Percilly en 1892, abrite aujourd’hui des bureaux de la Compagnie fermière.
À partir de 1904, de nouveaux forages, beaucoup plus profonds, vont permettre d’ériger des buvettes sans plus tenir compte du lieu d’émergence de la source. La Compagnie fermière décide alors de supprimer les anciens édicules et d’édifier une galerie unique. Lucien Woog dessine, en 1908, un vaste hall de plan elliptique, dans le style du 18e siècle français, auquel l’utilisation du treillage donne un caractère champêtre.
Source et établissement Lardy :
La première installation de buvette à la Source Lardy est des plus sommaires : le griffon est aménagé vers 1848, dans une vasque en pierre de Volvic, surmontée d’une cloche de verre. Deux petits kiosques en bois à toit de chaume viennent bientôt compléter cette installation. Ils seront supprimés en 1902, lors de la construction du nouvel abri par A. Percilly. Cette buvette sera transformée en 1925 : la cloche en verre est alors supprimée et le pourtour de la source recouvert de mosaïque Art déco. Longtemps abandonnée, elle fut restaurée à l’occasion de l’installation de l’université.
Dans la partie sud-ouest de l’enclos, un petit établissement thermal est inauguré en 1864. Il comprend une trentaine de cabines et sera ensuite l’objet de nombreux agrandissements, jusqu’à la construction de l’établissement thermal de 3e classe. Conçu par l’architecte Ch. Letrosne entre 1934 et 1937, sur une surface de plus de 2000 m2, il est précédé d’un patio dans lequel des arbres rares, comme un Gleditschia Bujoti, ont été préservés, pour une transition douce entre le parc et la construction. Fermé en 1965, l’établissement sera transformé en université en 2000 par les architectes Sirvin-Baduel-Monmarson (Paris) et P. Martin (Vichy).
Serres, orangerie et fabrique :
En 1900, la Compagnie commande à son architecte G. Simon un équipement d’envergure composé d’une orangerie et d’une serre. L’orangerie, édifiée en bordure de la rue Lardy, est surmontée d’une vaste serre qui sera rasée en 1913. Fermée pendant plusieurs années, elle abrite la médiathèque du pôle universitaire depuis 2001. En 1901, G.Simon construit en outre un rustique à toit de chaume, près de l’orangerie ; il sera détruit par un incendie au début des années 1980.
Habitations et magasins…
Le Parc des Célestins a toujours été habité : après les moines, ce sont les gardiens du parc qui y sont domiciliés, d’abord dans les anciennes cuisines du couvent, puis dans un chalet construit en 1902 par G. Simon. Situé près de la rue Mal Lyautey, il abrite aujourd’hui l’Atelier relais, service de prévention des ruptures scolaires.
L’Hôtel des Célestins fut quant à lui reconstruit après incendie par l’architecte G. Bonnet, dans le style Art déco, en 1928. Il abrita le Secrétariat d’État à l’Intérieur de 1942 à 1945 et fut transformé en lycée, en 1946. Le collège qui lui succéda en 1964, fut rénové entre 1995 et 1998.
Dans le Parc Lardy, comme aux Célestins, les bâtiments sont construits en périphérie du parc : la pastillerie (1896), des magasins ainsi qu’un bâtiment d’embouteillage et un restaurant (1902), ouvrent à la fois sur le parc et sur la rue.
Au Parc des Célestins
Le parc des Célestins devient rapidement un lieu très prisé. Dès sa création, les fermiers s’attachent à offrir au public des distractions variées, allant jusqu’à installer un troupeau de vaches (en 1883), gardées par un petit garçon en costume suisse, chargé de la traite et de la distribution de lait bourru. Les activités commerciales ne font pas à proprement parler partie intégrante du parc : les échoppes sont disséminées sur le parcours menant du centre thermal à la Source des Célestins. Seule Madame Ambrosi, photographe, semble avoir exercé ses talents dans l’enceinte du parc .
D’autres activités, plus sportives, sont très tôt proposées aux buveurs : dès 1843, une salle de billard est aménagée près des salons et un stand de tir au pistolet occupe l’est de la partie basse du jardin. Dans la partie haute du parc, la Compagnie décide en 1901, d’aménager deux courts de tennis (plus un troisième en 1913). Elle y adjoint un petit local à usage de vestiaire, ainsi qu’une buvette. Ils seront supprimés à la fin des années 20 suite à l’ouverture du Sporting.
Au Parc Lardy
L’essentiel des animations se développe après les grands travaux de 1902 et jusqu’à 1914. Chaque jour, il y a concert et représentation théâtrale. À partir de 1908, un jeu de petits chevaux est également organisé, sous l’abri même de la source, isolé de celle-ci (comme l’impose la loi) par un simple rideau. Les jeunes visiteurs ne sont pas laissés pour compte puisqu’on leur consacre des matinées au cours desquelles on organise des bals d’enfants et on distribue des jouets et des rafraîchissements.
Le parc des Célestins, d’une superficie de 15000 m², est un jardin qui n’a cessé d’évoluer depuis le 18e siècle. Le dépôt d’alluvions laissé par la rivière au pied du rocher, a augmenté sa surface sur des plans altimétriques contrastés. Sous le Second Empire, les conflits d’intérêts ont eu raison de l’unité de ce parc, représentation idéale d’un demi-hectare au dessin paysagiste anglosaxon, de son charme pictural et de ses végétaux de collection. Les aménagements des années 1901-1902, tant au Parc des Célestins que dans le Parc Lardy, ont favorisé l’augmentation de leur fréquentation, transformant cet espace en un lieu de transition entre la ville et les parcs d’Allier. Cette nouvelle affluence a modifié l’usage tranquille et intime de ce parc, où les allées sinueuses rampaient sous les ombrages, par un usage plus sportif avec la création de courts de tennis au dessin paysager nettement plus rectiligne. Aujourd’hui, l’intérêt botanique et paysager du lieu est plus typique à ses entrées. Dans la partie haute, on trouve dans un environnement restreint savonnier, févier, eucommia, érable de Cappadoce, sophora et catalpa. La partie basse, zone située sous l’ancien couvent, conserve une allée discrète et chargée de mystères à l’ouest du bâtiment de la source, secteur planté de hêtres pourpre ou pleureur, micocoulier et bosquet d’Ifs.